L’importance et la gestion du tarissement de la jument  

Dans un ancien blog, on abordait les différentes techniques de sevrage possible pour les poulains. Si ce thème est souvent abordé par les professionnels, on ne parle pas autant du deuxième animal concerné par ce sevrage : la jument ! Et pourtant, le tarissement lui est indispensable. Dans cet article, on fait le point sur la gestion du tarissement chez la jument. 

La jument commence à produire du lait en fin de gestation pour pouvoir allaiter son poulain dès le poulinage, et ce, jusqu’au sevrage. En fonction de sa race, la jument va produire 10 à 20 litres de lait par jour, qui vont représenter la principale source d’apport pour le poulain durant les premières semaines de vie. La quantité de lait est élevée dès la première semaine après le poulinage et la jument atteint son pic de lactation entre le 2ème et 3ème mois de vie du poulain. La quantité de lait produite va ensuite diminuer progressivement mais ne s’arrêtera pas totalement tant que le poulain continuera de téter. 

Une jument gestante n’a pas de besoins nutritionnels particuliers (autres que ses besoins d’entretien), jusqu’au 7ème mois de gestation. Ceux-ci augmentent ensuite progressivement et atteignent leur apogée en même temps que le pic de lactation (c'est-à-dire 2 à 3 mois après la naissance du poulain).

Beaucoup d’éleveurs sont de plus en plus tentés par le sevrage tardif (au-delà de 7 mois) pour leur poulain, afin de s’assurer que le poulain ai bien reçu tout ce dont il avait besoin et limiter le stress. Cependant, la gestation d’une jument durant 11 mois et les éleveurs ayant un vrai enjeu économique à avoir un poulain par an, la jument est généralement pleine de son poulain N+1 au moment du sevrage du poulain de l’année N.
Or, lorsqu’une jument allaite, la production de lait est prioritaire pour son organisme. C'est-à-dire que son énergie sera d’abord utilisée pour assurer une bonne production laitière et ensuite pour répondre aux besoins de la jument. L’organisme va puiser dans les réserves de la jument afin de continuer à produire du lait en quantité et qualité suffisante pour le poulain N.
Si le sevrage du poulain N n’est pas fait aux alentours de 6 mois, la jument continue donc à avoir des besoins importants puisqu'elle reste en lactation, et voit ses besoins en énergie et protéines également augmenter pour le poulain N+1 qui est en développement. Une ration traditionnellement distribuée à une poulinière ne couvre généralement pas les 3 besoins cumulés (ceux de la mère, ceux nécessaires à la lactation et ceux nécessaires au développement du fœtus).
Le métabolisme privilégiant la production de lait, il y a donc un risque de mauvais développement pour le poulain N+1 ainsi que des risques de démusculation, déminéralisation et pertes de réserves graisseuses pour la jument.
Il est donc vivement conseillé de sevrer son poulain à 6 mois lorsque la jument est gestante pour l’année suivante.

Au sevrage, le poulain n’étant plus présent, les mamelles de la jument ne sont plus vidées et se gonflent de lait, pouvant causer des douleurs à la jument. L’arrêt de la lactation au moment du sevrage est essentiel afin de limiter cet effet.

Si l’organisme de la jument allaitante privilégie la production de lait, il ne le fera cependant pas coûte que coûte ! Ainsi, si de vraies carences peuvent se créer chez la jument, l’organisme stoppera cependant la production laitière si la poulinière se trouve en réel manque d’apports énergétiques. Il est donc d’usage courant de réduire drastiquement la ration alimentaire de la poulinière pendant quelques jours au moment du sevrage afin d’arrêter la lactation.

→ La complémentation au persil : le remède de grand-mère efficace !

Aussi incroyable que celà puisse paraître, le persil a un réel effet sur le tarissement des juments car il inhibe la sécrétion lactée pour un tarissement réussi même chez les fortes productrices.
Si vous souhaitez faire votre propre décoction maison, vous pouvez cuire du persil dans de l'eau bouillante et en ajouter dans la ration alimentaire de votre jument. Il est également possible d’appliquer directement la décoction tiède sur les mamelles pour soulager la jument.