Aliments pour le sevrage des poulains

Je vous propose cette semaine 10 cas pratiques susceptibles de répondre aux besoins nutritifs d’équidés allant passer leur premier voire deuxième hiver. Il vous reviendra ensuite d’adapter ces quantités données à titre indicatif à votre poulain.

Il convient de se rappeler quelques fondamentaux en termes de nutrition, au premier rang desquels un foal mange tout autant qu’un adulte de 500 ou 600 kg à l’entretien. L’hiver coïncide pour le foal, quelle que soit sa race, à une phase importante de croissance. Ceci induit de très grands besoins d’apports, tant en quantité qu’en qualité. Cette considération conduit donc à privilégier, lors des repas, des volumes physiologiques, c’est-à-dire adaptés au volume d’un estomac encore petit. Par conséquent, pour éviter la perte de digestibilité, le repas doit être fractionné le plus possible. Même si cela n’est pas sans contrainte pour vous, c’est la plus sûre manière de permettre au bol alimentaire de rester assez longtemps dans l’estomac pour être suffisamment attaqué par ses enzymes, avant de passer dans l’intestin grêle, où s’opère la digestion.

Le bol alimentaire est le volume que représente le repas d’aliments concentrés que, tel qu’il est conçu, le tube digestif d’un cheval peut assimiler. Pour un adulte, il représente environ 15 litres, et près de deux fois moins pour le foal. L’adulte, en mangeant une ration de 4 litres d’aliments secs (grains, floconnés, etc.), va, afin de bien les humidifier, secréter pratiquement le double de ce volume en salive, ce qui, au total, fait 12 litres. Pour un foal de 300 kg mangeant 2 litres à chaque repas, sa sécrétion salivaire va atteindre 4 litres, soit un volume total de 6 litres.

Vous trouverez ci-dessous deux tableaux indiquant des quantités quotidiennes de concentrés (industriels ou traditionnels) à fractionner pour que les repas soient les plus physiologiques. A ce propos, dans le second tableau, les colonnes « Herbe de pâture » et « Maïs » sont vierges. Pourquoi ? Dans le premier cas, si l’herbe est de qualité moyenne, il faudrait au foal en ingérer une trop grande quantité. Dans le second cas, il faut veiller à ce que le maïs soit inférieur ou égal à 20% de la ration car il est carencé en un acide aminé indispensable à la constitution osseuse (la lysine), qui fixe le calcium.

N’hésitez pas à me solliciter pour le calcul de vos rations !

Poulain de moins de 8 mois, pesant moins de 300kg (ce poulain, durant son premier hiver et selon sa race, va passer de 250 à 350 kg)

Cas Herbe de pâture Foin de pré 1ère coupe (à épiaison Foin de luzerne (2ème coupe) Floconné « spécial foal » Aliment poulinière et poulain Orge Avoine Tourteaux de soja Maïs floconné Luzerne déshydratée
1 4 kg 2 kg 3.5 kg
2 6 kg 3.5 kg
3 6 kg 4 kg
4 6 kg 2 kg 1.5 kg 0.5 kg 0.5 kg
5 6 kg 2 kg 2 kg 1 kg
6 4 kg 2 kg 2 kg 1.5 kg 0.5 kg

Cas 1 : Ration répondant bien aux besoins de ce foal.

Cas 2 : Ration idéale.

Cas 3 : Ration manquant légèrement de protéines pour une bonne croissance des tissus et des os.

Cas 4 : Ration avec un apport pouvant manquer de calcium, ce qui est ennuyeux pour la croissance et, par conséquent, nécessitant un CMV en complément, comme toutes les rations d’aliments traditionnels.

Cas 5 : Ration manquant légèrement de protéines. Elle est aussi trop importante en volume d’aliments concentrés (5 kg). A noter que ce poids, selon qu’il s’agisse de grains entiers ou de flocons, est à fractionner en trois voire quatre repas.

Cas 6 : Ration plus équilibrée que les précédentes (cas 4 et 5) car le foin de luzerne apporte protéines et calcium, avec un volume de concentrés correct (4 kg).

Poulain entre 8 et 12 mois, pensant moins de 360 kg

Cas Herbe de pâture Foin de pré (1ère coupe) à épiaison Foin de luzerne (2ème coupe) Floconné « spécial foal » Aliment poulinière et poulain Orge Avoine Tourteaux de soja Maïs floconné Luzerne déshydratée
1 8kg 4 kg
2 8 kg 5 kg
3 4 kg 3 kg 2 kg 1.5 kg 0.5 kg
4 8 kg 2 kg 2 kg

Cas 1 : Ration couvrant tous les besoins. Comme toutes les rations avec des aliments industriels, on obtient un bon équilibre zinc et cuivre, contrairement aux rations à base d’aliments traditionnels.

Cas 2 : Ration couvrant les besoins, mais tout juste en protéines, par rapport à la tranche d’âge.

Cas 3 : Ration procurant un apport très équilibré.

Cas 4 : Ration un peu trop importante en volume d’aliments concentrés, nécessitant de le fractionner en trois voire même quatre repas. Elle impose aussi la distribution d’une grosse quantité de foin.

À retenir

Pour un hiver particulièrement humide, si l’on est à -10°C, il faudra quotidiennement rajouter 1 kg d’aliment concentré en plus des quantités indiquées, et 1 voire 2 kg de foin.

Si le foal reste dehors toute l’année, il faudra des apports supplémentaires en aliments concentrés et en fourrage, de façon à subvenir aux besoins pour lutter contre le froid et la fatigue physique, puisqu’il n’a pas la possibilité de se coucher.

La supplémentation en CMV demeure indispensable, notamment avec les rations traditionnelles, souvent fortement déséquilibrées en ces éléments.

Soyez soucieux de la qualité des matières premières pour les fourrages. Certaines sont très carencées en cuivre et en zinc, il faudra donc compenser par l’apport d’un bon CMV spécifique croissance, pour contribuer à une croissance homogène du foal (tissus, os, cartilages, tendons, etc.).

Durant l’hiver, seul un œil observateur permettra de créer des lots de poulains homogènes dans leur poids et leur croissance. Si besoin, il ne faut pas hésiter à recomposer ces lots car un individu dominé risque d’avoir une croissance ralentie.


Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos