Il a été démontré que ces excès entraînent une augmentation de la production bactérienne de lactate et une baisse du pH, ce qui cause une diminution de la digestibilité des fibres, une inflammation de la muqueuse, des douleurs intestinales et des troubles de la motilité. Mais concrètement, comment les fourrages peuvent-ils influencer les risques de coliques et de diarrhées ? Réponse dans cet article !
Le manque de fibres digestibles est à l’origine d’un environnement intestinal où les populations de microorganismes fibrolytiques sont en trop faibles concentrations pour assurer un écosystème stable et équilibré. De nombreuses études ont souligné que la consommation en matière de fourrages devait être au minimum de 1.5% du poids vif du cheval (soit au minimum 9kg de foin / jour pour un cheval de 500kg).
Si les apports de fourrages de la ration sont inférieurs, les risques augmentent de développer des problèmes gastro-intestinaux.
Il est donc recommandé d’apporter suffisamment de fourrages (foin, enrubanné, ensilage) et de respecter le minimum de 1.5% du poids vif en matière sèche de fourrage par jour. Pour les chevaux avec des besoins énergétique très élevés, il est possible de monter jusqu’à 2.5%.
Attention à la qualité des fibres !
La distribution de grandes quantités de fibres non digestibles (comme la paille ou le foin tardif) peut augmenter les risques de certaines coliques de stase ou d’impaction. La vigilance est donc de mise sur le type de fibres distribuées à votre cheval.
Pour les chevaux qui ont de faibles besoins énergétiques, je vous conseille de les nourrir avec des fourrages de basse valeur énergétique, mais d’éviter d’apporter de la paille comme principale source de fibres. Au contraire, pour les chevaux ayant des besoins énergétiques élevés, je vous conseille d’opter pour des fourrages de haute valeur nutritionnelle ou de complémenter avec des fibres à haute teneur énergétique comme la pulpe de betterave déshydratée, les granulés de luzerne, les coques de soja, etc.
Réduire la vitesse du transit
La taille des fibres influence la motilité et le temps de transit dans le tractus gastro-intestinal équin. Les particules les plus grosses se déplacent plus lentement (cela a été montré dans une étude où le foin présenté sous forme hachée avait une durée de rétention ente-caecale plus longue que le foin broyé et granulé). Une étude récente suggère également que le fourrage peut influencer la vitesse de vidange gastrique et/ou la durée de transit dans l’intestin grêle. Dans cette étude, le pH caecal des chevaux qui recevait du foin avant un repas d’avoine atteignait son niveau minimum plus tard que lorsque l’avoine était distribuée avant, ce qui pourrait refléter une vidange gastrique plus longue et une baisse de la vitesse de transit dans l’intestin grêle.
Aussi, je vous conseille d’apporter les fourrages avant les céréales pour ralentir la vidange gastrique et réduire la vitesse de transit dans l’intestin grêle.
Veillez aux transitions !
La composition en fibres de la ration, et particulièrement des changements récents de fourrages, ont été identifiés dans plusieurs études épidémiologiques comme des facteurs de risque pour les coliques. Un changement de foin dans les deux précédentes semaines augmente, suivante les études, de 4.9 à quasiment 10 fois le risque de développer des coliques.
Autrement dit, il est primordial de permettre au gros intestin de s’adapter à tout nouveau type de fourrage en substituant graduellement un fourrage par un autre sur une période d’au moins 14 jours.
Pour finir, les dernières recommandations seront les suivantes :
- Pour les chevaux prédisposés aux diarrhées, préférez le foin que des fourrages avec une faible matière sèche (<60%).
- Évitez les longues périodes sans accès au fibres (paddocks secs, boxes sur copeaux, etc.) et apporter les fourrages en trois repas minimum si les chevaux n’ont pas accès à volonté au fourrage.
- Contrôlez les apports d’amidon : au maximum 1g/kg de poids vif/repas et idéalement moins de 2g/kg de poids vif/jour.
Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos