Arriver dans un nouveau lieu est toujours perturbant. Peut-être êtes-vous débutant et allez-vous poussez pour la première fois la porte d’un centre équestre. Ou bien cavalier habituel de l’écurie, c’est vous qui allez découvrir les nouveaux chevaux de la rentrée. Ou encore, cette fois, vous avez sauté le pas et vous apprêtez à réceptionner votre cheval. Mais comment, lui, vit-il tout cela ?

L’arrivée d’un nouveau cheval dans une écurie est toujours un moment d’agitation. Nous voulons tous le voir à la sortie du camion, savoir qui il est, d’où il vient, ce qu’il a fait, ce qu’il va faire … Mais comment l’équidé vit-il tout cela ? Sans tomber dans l’anthropomorphisme, nous allons essayer de nous mettre dans sa peau en détaillant les diverses situations car celles-ci sont bien différentes s’il s’agit d’un poulain ou d’un cheval d’âge, d’un cheval d’un propriétaire ou de club, et selon son mode de vie.

Observer

Tout passe par des critères purement éthologique : les observables. Tout d’abord, il y a la descente du transport, van ou camion. Comment est ce cheval ? Calme ou agité ? Est-ce qu’il est en sueur ? A-t-il eu chaud, peur ? Vous semble-t-il agité ? Est-ce qu’il bouge ses pieds dans tous les sens et ne tient pas en place au bout de la longe ? Est-ce qu’il ronfle, la queue en panache, ou bien, les yeux et les naseaux dilatés, il émet des cris d’alertes (hennissements) ?


Ce comportement sera différent s’il s’agit d’un poulain ou d’un cheval d’âge puisque le poulain qui sort de son pré n’a jamais rien vu et est complètement déboussolé. N’oublions pas que les chevaux sont des animaux d’habitudes et plutôt « néophobe », le terme employé par les scientifiques pour la peur de tout ce qui est nouveau. Pour peu que les chiens (des prédateurs …) l’accueillent dans un vacarme d’aboiements, il va être servi !


Le cheval d’âge, s’il a déjà fait pas mal de concours, va vivre cela comme un transport et un concours de plus. Cependant, il sera peut-être moins bouleversé que le poulain, mais il n’en sera pas moins stressé.


Une fois descendu du camion, une nouvelle vie commence pour le cheval. Celle-ci sera bien différente s’il va vivre au box, au pré ou au pré/box.


Si vous êtes l’heureux propriétaire et qu’il vit dans un box, l’écurie lui en aura préparé un fraîchement paillé. Laissez-le entrer et faire connaissance des lieux et de ses nouveaux voisins. Un peu plus tard, vous vérifierez que son eau et son auge sont propres. Pour le moment, observez-le, un peu en retrait. Laissez-le se poser. Il va certainement sortir la tête plusieurs fois, intriguer les autres chevaux et être intrigué par eux, puis il va retrouver son calme et adopter un rythme de vie de cheval, c’est-à-dire se mettre à manger sa paille !


S’il est votre nouvelle recrue, laissez-lui encore un peu de temps et vous pourrez lier connaissance. Un bon moyen est de faire un pansage. Passez-lui un licol et menez-le à l’air de pansage. Vous allez vite découvrir s’il tire au renard ! Pour autant, ne le poussez pas à l’erreur, si vous le voyez toujours très agité, demandez à un(e) ami(e) de le tenir et de le calmer de la voix par des paroles réconfortantes. S’il ne tient pas en place, ne vous évertuez pas à le maîtriser puisque lui-même ne le peut pas tant il est débordé par ses émotions. Vous avez deux solutions : le mettre à la longe ou en liberté. Dans les deux cas, c’est une découverte, que vous ayez acquis un poulain ou un cheval d’âge, car il arrive que certains n’aient pratiquement jamais été ni longés, ni lâchés en liberté. Si vous n’avez jamais longé un cheval, vous risquez de vous heurtez à une difficulté et, dans l’un ou l’autre cas, vous devez vous assurez que l’endroit est bien sécurisé (hauteur de la clôture, aucune aspérité, etc.) et peut-être prévoir des protections  aux quatre membres (chose qui sera bien impossible à faire avec un poulain) si, dans son excitation, le cheval part un peu fort.


A la longe, vous allez vite découvrir son niveau de dressage et d’éducation : attentif et respectueux, ou bien fougueux et incontrôlable. En liberté, certains chevaux peuvent galoper un long moment avant de retrouver leur calme. Même si vous avez peur, ne montez pas dans les émotions. Tentez de le calmer de la voix par des sons très calmes. Vous pouvez faire mine de l’oublier tout en le surveillant d’un œil. En fait, en adoptant cette technique, vous lui mettrez tout simplement moins la pression.


Une fois qu’il a un peu bougé, vous pouvez plus aisément faire son premier pansage et ses premiers soins. S’il s’agit d’un poulain, la douche n’est sans doute pas une bonne idée car il ne la connaît peut être pas encore, est inutile de multiplier les sensations fortes sur une seule journée. Rappelons ici que, pour établir une bonne relation « équidé/humain », il est impératif qu’il nous associe positivement. Il est inutile de multiplier les expériences négatives sur une même et première journée. Par contre, vous pouvez lui faire faire un tour de l’écurie et de ses installations afin qu’il découvre son nouveau « domaine vital ». Cela vaut pour le nouveau cheval comme pour le cheval de propriétaire qui vient de changer d’écurie. Noter que, dans ce cas précis, si vous avez su tisser avec lui une bonne relation, basée à la fois sur la confiance et le respect, vous serez perçu plus que jamais comme « référent » par votre cheval.

Faut-il monter ?

Nombreux sont les propriétaires tentés de monter tout de suite leur nouvelle monture pour se prouver qu’ils ont bien acquis le cheval de leur rêve. Attention à toute précipitation inutile ! Il est certainement préférable de lui faire découvrir le club avant de vouloir le seller et le monter. Vous avez tout le temps pour le faire, maintenant que c’est votre cheval. Une relation est toujours un processus long à mettre en place.

Au pré

De plus en plus de poney-club et centres équestres sont sensibilisés aux concepts éthologiques et font vivre leurs chevaux en troupeaux, en pâtures, une partie de la journée. Et tous savent que l’intégration doit être progressive pour que les affinités se créent. Le nouvel équidé est mis dans un paddock isolé, puis on y intègre le congénère qu’il semble le plus apprécier. Une fois que les deux compères ont tissés des liens, ils sont intégrés au reste de la troupe, sous surveillance, car il n’est pas rare qu’il y est des cavalcades et des grimaces. Il faut rester vigilant puisqu’il est inutile que l’un des chevaux se blesse ou soit blessé. Il ne faut pas hésiter à revoir l’organisation du troupeau si le nouveau venu devient l’élément perturbateur, même s’il faut garder à l’esprit que les chevaux sont des champions de la hiérarchie et savent souvent retrouver la sérénité nécessaire à leur survie. Néanmoins attention aux inimitiés sévères !

Bien intégré à l’écurie et à sa vie hiérarchique, le cheval n’en sera que mieux incorporé à la reprise. Si vous êtes propriétaire et ouvrez la porte du van pour mettre votre cheval au pré, vous devez aussi veiller à cette hiérarchie.

Autres aléas

Le cheval de club va se faire progressivement à ce nouveau rythme de vie, mais on peut imaginer que cela n’est pas forcément facile pour lui. Le poulain découvre une multitude de chose très vite et doit tout aussi rapidement s’y adapter. Plus difficile est certainement la situation de l’ancien cheval de propriétaire devenu cheval de club car souvent, même le changement d’un propriétaire à un autre est mal vécu.  


Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos