Si le cheval à l’état sauvage est capable de trouver seul et sans gros efforts les aliments nécessaires à sa survie, cela n’est plus tout à fait le cas dans les conditions de vie qui sont les siennes aujourd’hui.
Aussi, une poulinière, un poulain en croissance ou un cheval soumis à un entraînement intensif devront avoir à leur disposition une alimentation qui sera en mesure de couvrir des besoins bien spécifiques.

La poulinière

Vous devez savoir que la malnutrition d’une poulinière gestante ne sera jamais compensée après la mise-bas. Pire, elle sera souvent cause d’avortements, de naissances prématurées ou de poulains chétifs …Cette mauvaise alimentation risque également de se traduire par des problèmes de fécondité, sans doute sous-estimés à l’heure actuelle car masqués par des symptômes difficilement repérables : chaleurs discrètes, tardives, difficultés ovulatoires.

Vos poulinières doivent disposer d’une alimentation de qualité dès les premiers mois de la gestation. Si elles sont à l’herbage, veillez à leur état car la quantité et la qualité de l’herbe varient au cours de la saison. Ne vous fiez pas à leurs ventres pour conclure qu’elles sont en bon état, surtout si vos juments sont suitées, donc en phase de lactation.

En fin de gestation, le fœtus est nutritionnellement prioritaire sur sa mère. Prenez garde aux risques de suralimentation, qui peuvent avoir des conséquences néfastes : difficultés au poulinage, excès de poids du fœtus, déchirures …

La lactation doit ensuite couvrir les besoins de croissance du poulain. La production de lait est prioritaire pour l’organisme de la jument, car celle-ci puisera dans ses réserves en cas de carence. La mise à l’herbe favorise la lactation et doit être progressive, faute de quoi un lait trop riche provoquera des diarrhées.

Le poulain avant sevrage

La première année du poulain est la plus importante car sa croissance est alors extrêmement rapide. Dès le deuxième mois, votre poulain doit disposer d’un complément concentré. Pour l’inciter à consommer ce nouvel aliment, vous pouvez y ajouter du lait les premières fois.

Attention, le développement cérébral du poulain peut être compromis si la ration de la jument est trop pauvre en protéines. Un déséquilibre énergétique affectera les muscles.

La période qui s’étale de 6 mois à 1 an est la plus critique car c’est à ce moment que le système osseux se met en place. Toute suralimentation favorise les déséquilibres hormonaux et les troubles osseux. Attention aux excès de calcium et aux carences en cuivre, sources potentielles d’ostéochondrose.

Après un an, les erreurs alimentaires sont moins graves. L’allongement des os ralentit, mais ils épaississent et se consolident.

Vieux cheval

Les besoins journaliers d’un vieux cheval sont plus importants.
Adaptez sa ration en conséquence et faites examiner ses dents, car les vieux chevaux ont des problèmes de mastication néfastes pour la digestion. Essayez de distribuer plusieurs petites rations facilement assimilables et de séparer les chevaux les uns des autres afin que chacun puisse manger à son rythme.

Le cheval au travail

Il est indispensable d’adapter l’alimentation aux besoins nutritionnels augmentés par l’activité sportive. Plus l’effort que vous demandez à votre cheval sera intense et soutenu, plus la ration devra être énergétique. Toute la difficulté consiste à élaborer une ration capable de couvrir les besoins énergétiques des muscles sans surcharger le tube digestif.

La cellulose (fourrages grossiers : foin et paille), bien qu’elle soit assez pauvre en énergie, ne doit pas pour autant être éliminée des rations : elle reste indispensable à la stimulation du transit dans le gros intestin et à la prévention des risques de coliques, de fourbures et de troubles musculaires.

Si la quantité de travail vous impose d’augmenter la proportion de concentrés (et donc de diminuer la part de fourrage), sachez toutefois qu’une trop grande quantité de céréales ou de granulés risque d’induire des troubles digestifs. Des aliments à forte valeur énergétique, comme les floconnés, sont particulièrement adaptés au régime des chevaux de sport. N’oubliez pas de diminuer les rations les jours de repos, au risque d’exposer votre cheval à la « maladie du lundi » (le trop célèbre coup de sang).

Les chevaux d’endurance ou soumis à des efforts très longs, peuvent suivre un régime enrichi en matières grasses, car les lipides favorisent les performances sur les longues durées. Mais attention, un tel régime doit être mis en place très progressivement, tout en le rééquilibrant avec des suppléments de vitamines.

Un effort modéré et court accroît assez peu les besoins en protéines. Néanmoins, pendant la saison de compétition, il peut être intéressant de renforcer les apports azotés en distribuant de la luzerne ou des tourteaux de soja. Enfin, l’effort musculaire et la transpiration accroissent considérablement le besoin en minéraux et en sel. Il est fondamental que le cheval dispose dans son box d’une pierre à sel et que sa ration couvre ses besoins en oligo-éléments.

Dernier conseil, il est primordial de ne pas faire trop varier les rations en quantités et en qualité chez les chevaux nerveux ou régulièrement soumis au stress (compétition, transports).


Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos