Coup de sang chez les chevaux

La sélection naturelle ayant privilégié l’aptitude à la fuite, nos chevaux bénéficient d’un système musculaire extrêmement sophistiqué.

Mais, dans certaines circonstances, ce haut degré de sophistication se « dérègle » et montre certaines faiblesses … Le (trop) célèbre « coup de sang » fait partie de ces faiblesses et il peut laisser des séquelles invalidantes. C’est pourquoi, j’ai décidé de m’intéresser en détail aux causes et aux conséquences du « coup de sang » et également aux bonnes résolutions que l’on peut prendre pour limiter les risques chez nos chevaux.

Un peu d’anatomie !

Le muscle est un organe exceptionnel : sous l’effet d’une série de réactions chimiques, il est capable de se raccourcir et d’engendrer des mouvements. Pour fonctionner, le muscle à besoin d’énergie ; elle lui est fournie par une petite molécule, l’ATP, capable de se décomposer en produisant de l’énergie, de l’eau et des déchets (dont le plus connu est l’acide lactique).



Comme l’ATP ne se stocke quasiment pas dans le muscle, l’organisme doit la produire lorsqu’un effort est demandé. Cette production s’effectue par l’intermédiaire de deux mécanismes distincts, selon que l’effort se déroule en présence ou en l’absence d’oxygène.

Les fibres musculaires du cheval peuvent être classées en trois catégories différentes, selon leur aptitude à se contracter et à utiliser ou non l’oxygène. Les fibres de type I, lentes, utilisent essentiellement la voie aérobie, celles de type IIa, rapides, peuvent fonctionner en mode aérobie ou anaérobie. Enfin, les fibres de type IIb, rapides, privilégient surtout le mécanisme anaérobie. L’aptitude d’un cheval à fournir un effort découle très directement de la qualité de ces fibres musculaires ; d’une part parce que chaque fibre est plus moins adaptée à produire un effort bref ou long, mais aussi parce qu’un entraînement bien conduit favorise l’utilisation de la voie aérobie par les fibres de type IIa.

Le coup de sang : cause et conséquences

D’apparition brutale, les myosites (inflammation du tissu musculaire) se manifestent cliniquement par des crampes douloureuses.

Le cheval se met alors à boiter à chaud, il semble raide des postérieurs et les muscles de la fesse peuvent être douloureux : ils gonflent, durcissent et provoquent une douleur telle que le cheval se met à transpirer abondamment, à trembler, à exprimer des signes rappelant les coliques …

Dans la forme sévère, il reste figé sur place par la douleur.

D’autres symptômes peuvent y être associés : hyperthermie, tachycardie, myoglobunirie suivie d’une insuffisance rénale parfois mortelle.

Le symptôme qui a donné le nom scientifique de cette maladie et qui se traduit par l’émission d’urines de couleur rouge/brun n’est en revanche pas toujours détectable en début de crise. C’est souvent après quelques minutes de travail que les symptômes apparaissent, mais parfois aussi dès les premiers pas hors du box. L’urine est anormalement foncée du fait de l’élimination de la myoglobine des cellules musculaires détruites.

Parmi les causes, en plus d’une prédisposition génétique, on trouve le stress lors du travail mais aussi un stockage anormal du glycogène dans les cellules musculaires, notamment chez les chevaux qui manque d’exercice.

Place aux bonnes résolutions !

Quelques mesures de bon sens éviteront de placer votre cheval en situation de risque aggravé.

1) Bonne résolution n°1 : j’adapte l’alimentation de mon cheval Avec des rations qui comportent beaucoup de céréales, il faut réduire d’au moins un tiers les quantités distribuées le soir précédant la ou les journées de repos. Si vous diminuez la ration de concentrés (céréales ou granulés), pensez à distribuer davantage de foin pour éviter que votre cheval ne compense la diminution de sa ration par une surconsommation de paille …

2) Bonne résolution n°2 : Je lâche mon cheval au paddock le jour où il ne travaille pas Pour prévenir les myosites consécutives à un arrêt de travail, la solution la plus efficace consiste à mettre son cheval au paddock, ou mieux encore, au pré, pendant la journée de repos.

3) Bonne résolution n°3 : J’organise le travail de mon cheval de façon régulière et adaptée Un échauffement convenable est indispensable car cette phase permet au système circulatoire de s’adapter progressivement à la demande accrue d’oxygène du muscle. Une mise en condition, adaptée au type d’effort, permet au cheval de développer sa capacité aérobie et son système vasculaire et musculaire.

4) Bonne résolution n°4 : je protège le dos de cheval lorsqu’il travaille Dans le même esprit, l’utilisation d’un simple couvre-reins lors de sorties par temps très venteux et pluvieux permet d’éviter un refroidissement excessif des masses musculaires favorables aux myosites.

5) Bonne résolution n°5 : je deviens un/une adepte de la récupération active ! Après un effort, il est préférable de ne pas refroidir brutalement les muscles par une douche, car l’eau froide provoque une constriction des vaisseaux sanguins alors que l’élimination des toxines n’est pas achevée. La récupération active reste la meilleure façon de terminer un travail intense.

6) Bonne résolution n°6 : je reste vigilant(e) sur la complémentation alimentaire de mon cheval

L’utilisation de compléments alimentaires peut être recommandée chez les chevaux de sport victimes de raideurs musculaires : l’utilisation d’un complément alimentaire riche en antioxydant (vitamine E et sélénium) participera à protéger les cellules de l’organisme (chez Équidéos cela correspond à l’ES DÉOS LIQUIDE).

Chez le cheval d’endurance, l’apparition de coup de sang peut être causé par des désordres électrolytiques, notamment par les pertes de potassium et de chlore lors d’une transpiration excessive, il est donc conseillé de complémenter ses chevaux avec des produits adaptés à leurs besoins (si vous êtes concernés, c’est le moment de sortir vos sachets de DÉOS ÉLECTRO !).


Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos