Le soleil et la chaleur, cela fait rêver, après cet hiver froid et pluvieux. Pourtant, l’été rime aussi avec canicule, sécheresse, insectes, déshydratation et pathologies équines. Pour passer un été sans souci, des précautions sont à prendre, et la vigilance doit être un maître mot.

Les pathologies circulatoires

Elles peuvent être aggravées par une déshydratation, même minime, et sont à l’origine de problème d’engorgement.

Un mauvais fonctionnement du système lymphatique, dû à la température montante, explique que l’engorgement des membres, qui peut se manifester de manière impressionnante : dans le pire des cas, les membres deviennent des poteaux informes. Toutefois, en prenant quelques précautions, elles ne représentent pas de risques dangereux.

Faire marcher le cheval est le premier point pour permettre le drainage de son système lymphatique, et prévenir les engorgements. Évitez de le laisser au box toute la journée : sortez-le au pré ou au paddock dès que possible, par exemple la nuit, le matin, ou en fin de journée. Les heures les plus chaudes sont de préférence à écarter.

- Il peut travailler, à condition de bien le faire marcher, au minimum une bonne demi-heure, sur un sol assez dur.
- S’il est engorgé, une douche avant le travail, complétée d’une bonne séance de pas ensuite, peut être bénéfique.
- Douchez après le travail, durant une vingtaine de minutes, avec une eau froide et un jet assez fort (sans être trop puissant, au risque d’abîmer les tissus).
- En cas d’engorgement extrême, vous pouvez, après le travail, utiliser une astuce efficace : poser des bandes de repos avec de la glace pilée, que vous insérez sous le coton (SOUS BANDAGE).
- S’il y a une rivière, non loin de chez vous, emmenez-y votre cheval faire « trempette » ! la rivière idéale ? peu profonde, avec un fond peu accidenté et un courant suffisamment fort pour masser les tissus des membres. Pour des résultats probants, il faut l’y conduire régulièrement, dans l’idéal quotidiennement, et le laisser savourer les bienfaits de l’eau fraîche suffisamment longtemps.
- Il existe aussi la cryothérapie, thérapie par le froid, comme solution efficace contre l’engorgement. Cependant, cette technique est à réserver plutôt à des chevaux de sport, en raison de son coût élevé.
- Pour aider le système lymphatique, vous pouvez éventuellement des administrer des traitements phytothérapiques doux ( HÉPATODRAINE). Pour favoriser le drainage, il existe des diurétiques doux, tels que l’extrait d’artichaut.

Le coup de chaleur

Le coup de chaleur est une déshydratation aggravée par une violente fièvre et par la libération d’acides lactiques et de toxines, faisant chuter le pH sanguin.  Celui-ci habituellement neutre, c’est-à-dire à 7, devient alors acide, pouvant descendre à 4. S’accumulant dans les organes vitaux, les toxines peuvent alors abîmer gravement le cœur et le foie. Elles menacent le cheval d’un empoisonnement violent, en plus des dangereuses conséquences de la déshydratation.

Il survient principalement lors d’un travail sous un soleil de plomb et des températures élevées. Le soleil et la chaleur sont les principales causes, mais il faut savoir que la réverbération de la lumière sur les sols clairs, à laquelle on ne pense pas forcément, en est parfois l’origine. Votre animal court aussi un risque de coup de chaleur s’il est laissé dans un van ou un camion mal aéré, en plein soleil. Les chevaux aux robes foncées, retenant plus la chaleur, sont plus sensibles à cette réverbération.

On décèle le coup de chaleur en remarquant que les muqueuses sont rouges, que la respiration est courte, forte et bruyante, ainsi qu’à la fièvre (jusqu’à 42°C dans les pires des cas), et à tous les symptômes de déshydratation cités plus haut.

- Immédiatement, douchez-le et arrosez-le, d’abord à l’eau tiède (35°C), puis progressivement à l’eau froide (25°C), afin de faire tomber sa température. En même temps, donnez lui à boire, pour qu’il puisse éliminer les toxines et se réhydrater. Placez-le dans un endroit frais et ombragé.
- Appelez le vétérinaire en urgence : le coup de chaleur nécessite absolument de faire remonter le pH sanguin, en perfusant avec des produits basiques.

Dans le cas où vous seriez loin de chez vous ou en randonnée, il est impératif au vous vous arrêtiez et trouviez un vétérinaire à appeler. Continuez de doucher et d’abreuver en attendant son arrivée.

Les allergies

Il n’y a qu’une seule vraie allergie d’été, c’est la dermatite estivale récidivante équine.


Aussi, contrairement à beaucoup d’idées reçues, il n’existe pas d’allergie à l’herbe. Mais que sont, alors, ces boutons, plaques et autres irritations que l’on observe sur certains chevaux aux beaux jours ? Cela peut provenir de la sève de certaines plantes qui peut être urticante. Pour peu que l’on y ajoute de la chaleur et de l’humidité, le cocktail est parfait pour générer de l’érythème, qui quelque fois s’infecte.


L’été n’est pas non plus synonyme d’allergie respiratoire, du moins pas plus que durant le reste de l’année. La toux, ou encore l’asthme, touchent les chevaux de janvier à décembre. Ces pathologies ont pour cause principale les acariens de stockage. On les retrouve dans les aliments et les fourrages. Or, les chevaux ne sont pas nourris que l’été ! Qui plus est, les chevaux reçoivent plutôt de l’aliment et du foin en hiver. C’est donc durant cette période qu’ils doivent être le plus gênés, et pas forcément l’été. Il n’en demeure pas moins qu’il y a des chevaux hyper réactifs à des pollens de plantes. Mais il est difficile, en l’état actuel des connaissances, de parler d’allergie.

Les fausses gales

Un autre malentendu est celui qui concerne la gale d’été. En effet, les gales, les vraies, sont la gale sarcoptique, chorioptique et psoroptique qui proviennent d’acariens de type sarcoptidés, qui creusent des galeries dans la peau des chevaux pour se nourrir et s’y reproduire. Ces gales sont plus ou moins rares.


Les autres sont de fausses gales, Ce sont généralement des dérivées de dermatite estivale récidivante équine, car ces dermatites ne sont pas causées par des insectes culicoïdes, comme dans la DERE, mais par des tabanidés ou des stomoxes. C’est la raison pour laquelle les symptômes de ces dermatites diffèrent, et qu’ils sont confondus à de la gale.


D’ailleurs, il n’y a pas davantage de gale d’été que de gale de boue. C’est un non-sens que de parler de gale de boue en été, alors qu’à cette période de l’année les sols sont secs, donc exempt de boue. Ainsi les croûtes, quelquefois même les plaies, qui apparaissent sur les pâturons des chevaux, n’ont rien à voir avec de la gale de boue. Il faut parler de pododermatite, une affection causée par un acarien, un champignon, une vascularite, une hypersensibilité, un virus, etc.


Seule la dermatite estivale récidivante équine est irrémédiable. Ce d’autant plus si les chevaux auxquels elle s’attaque sont prédisposés. Un cheval qui est touché par la DERE la reproduit à chaque fois qu’il se retrouve dans les conditions de la première fois. C’est en plus une affection qui a tendance à empirer au fil des années.


Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos