Les différents types d'ulcère chez le cheval
Les chevaux sont adaptés à une ingestion lente et quasiment continue de matières premières riches en fibres. De plus, des changements rapides de régime alimentaire sont mal tolérés par le tractus gastro-intestinal équin. Dans des études épidémiologiques, plusieurs facteurs de risques d’origine alimentaire ont été associés au développement des ulcères gastriques équins. Quels sont-ils ? Comment les réduire ? Réponses dans cet article !


Le terme d’EGUS (Equine Gastric Ulcer Syndrome) est utilisé pour décrire les maladies érosives et ulcéreuses de l’estomac des chevaux. Ce terme regroupe au moins deux maladies :
Les maladies gastriques de la muqueuse squameuse (ESGD)
Les maladies gastriques de la muqueuse glandulaire (EGGD)
Que l’on détermine en fonction de la localisation anatomique.

Les maladies gastriques de la muqueuse squameuse.

Les prévalences les plus élevées d’ESGD sont observées chez les pur-sang, avec 40 à 60% des individus qui présentent des ulcères quand ils débutent l’entraînement, et jusqu’à 80 à 100% après deux ou trois mois d’entraînement pour la course. Les races de trotteurs présentent des prévalences similaires avec une prévalence globale de 44% qui augmentent jusqu’à 87% en période d’entraînement, tandis que 17 à 58% des chevaux de show et de sport, et 37 à 59% des chevaux de loisir sont affectés.

Le développement des ESGD est souvent lié à l’excès d’amidon, une consommation insuffisante de fibres, le jeûne et l’exercice à haute intensité.

L’ingestion élevée d’amidon (>200 g d’amidon/100 kg de poids vif/jour ou >100g d’amidon/100 kg de poids vif/repas) augmente le risque. La fermentation microbienne de l’amidon dans l’estomac produit des acides gras volatils, entraînant une réduction de l’intégrité de la muqueuse et une augmentation de la perméabilité des tissus confrontés à l’acide gastrique.

Les chevaux qui restent à jeun plus de 6 heures entre deux repas de fourrages présentent un risque accru d’ESGD en comparaison avec les chevaux qui sont nourris plus fréquemment avec des fourrages. Ceci est probablement causé par la moindre production de salive, et donc une diminution de la capacité tampon dans l’estomac, ainsi qu’une vitesse de transit réduite. Ce problème peut-être exacerbé par le fort mouvement et les éclaboussures de contenu gastrique sur les régions non glandulaires à cause des compressions abdominales pendant l’exercice.

Des quantités abondantes de fibres peu digestibles (à haute teneur en ADF) peuvent augmenter le risque d’ESGD. Il est reporté dans une étude une augmentation du risque d’ulcères gastriques lorsque la paille est le principal fourrage disponible. La paille est un faible pourvoyeur d’éléments tampon à cause de sa teneur basse en protéines et en calcium. De plus, la nature physique de la paille peut entraîner des irritations des muqueuses et/ou les forts apports de paille dans la ration peuvent affecter la texture et le contenu de l’estomac.

La consommation de luzerne peut offrir une certaine protection contre la corrosion de la muqueuse squameuse liée à l’acide, certainement grâce à sa teneur élevée en calcium et en protéines lui conférant un fort pouvoir tampon.

Les maladies gastriques de la muqueuse glandulaire.

La prévalence des EGGD est beaucoup moins étayée scientifiquement. Sur les pur-sang, on observe des prévalences comprises entre 47 et 65%. Chez les chevaux d’endurance, une étude reporte que la prévalence de 16% observée en dehors des périodes de compétition augmente à 33% durant la saison de compétition.

Les facteurs de risques et la pathophysiologie des EGGD sont également moins connus. Quelques études ont mis en avant que le stress et des prédispositions génétiques pouvaient être des facteurs contribuant au développement des ulcères glandulaires.

Une étude récente a porté sur le risque de récurrence des EGGD après un traitement à l’oméprazole. Six semaines après le traitement, et sans changement de régime alimentaire, la santé gastrique s’était de nouveau détériorée et à la fin de la période d’observation il n’y avait généralement pas de différence avec les scores d’ulcères relevés avant le traitement. Cependant, chez les chevaux dont le régime alimentaire avait été modifié, la diminution des ulcères était significative et durable jusqu’à la fin de la période d’observation. Ceci suggère que des modifications appropriées de la ration peuvent prévenir la récurrence, surtout lorsque des changements dans la gestion et le niveau d’entraînement ne sont pas possibles. Dans cette étude, le changement de régime alimentaire reposait sur une augmentation du taux de fibres et de matières grasses, et sur une réduction de la quantité d’amidon dans le régime, tout en maintenant un apport énergétique stable.

Quelles sont les recommandations alimentaires pour les chevaux présentant des ulcères gastriques ?

Apporter aux chevaux suffisamment de fourrages (foin, enrubannés, ensilages), en respectant un minimum de 1.5% de leur poids vif en MS par fourrage par jour.

Pour les chevaux avec des besoins énergétiques faibles, nourrir avec des fourrages de basse énergie, mais en évitant la paille comme première source de fibres. Au contraire, pour les chevaux avec des besoins énergétiques élevés, préférer des fourrages de haute valeur nutritionnelle ou complémenter avec des fibres à haute teneur énergétique comme la pulpe de betterave déshydratée, les granulés de luzerne, les coques de soja, etc.

Éviter les longues périodes sans accès à des aliments fibreux (paddocks secs ou sales, boxes avec copeaux) et, si les chevaux n’ont pas du fourrage à volonté, apporter au minimum 3 repas quotidiens de fourrage.

Ne pas dépasser 100g d’amidon / 100kg de poids vif / repas. Chez les chevaux qui présentent des ulcères, réduire encore les apports d’amidon.

Penser à ajouter des brins longs aux repas de concentrés, y compris de la luzerne, pour augmenter la mastication et la production de salive.

Si des apports énergétiques supplémentaires sont nécessaires, envisager une introduction progressive d’huile végétale (jusqu’à 100ml/100kg de poids vif), mais contrôler les équilibres minéraux et vitaminiques de la ration finale.

Mettre les chevaux à la pâture dès que cela est possible (même s’il est important de noter que des ulcères peuvent subvenir également chez des animaux conduits en pâturage).

Laisser de l’eau à disposition en permanence, même lorsque les chevaux sont à l’herbe.


Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos