Réussir la récolte de son foin

Le foin est de loin le fourrage le plus utilisé pour l'alimentation des chevaux. La qualité de la prairie, la date de fauche et la conduite technique sont les principaux facteurs influençant la réussite de la récolte d'un fourrage en quantité et en qualité.

Je vous propose cette semaine des conseils pratiques sur les éléments qui peuvent faire varier la valeur nutritionnelle du fourrage. Stade végétatif, pratique sur les parcelles, choix variétal, … je vous explique tout dans cet article !


Le foin : qu’est ce que c’est ?

La récolte de foin consiste à obtenir un taux de matière sèche (MS) élevé, proche de 85% à partir d'un fourrage (prairie naturelle, temporaire ou culture annuelle de graminées ou légumineuses) contenant 70 à 80% d'eau au départ avant conditionnement. Il s'agit de réaliser une conservation de qualité en amenant le végétal à une teneur en eau au maximum de 15%. Cette teneur en eau ne permet plus aux micro-organismes et moisissures de se développer et se multiplier. Les valeurs nutritionnelles, l'ingestibilité et la qualité sanitaire définissent la valeur du fourrage conservé.

Je vous explique maintenant quels sont les principaux facteurs de variation des valeurs nutritionnelles du fourrage.

Le stade végétatif des plantes.

Plus on fauche à un stade avancé, plus la valeur alimentaire des fourrages récoltés diminue. Avec le temps, les tiges moins riches en éléments nutritifs se développent au détriment des feuilles. La composition de la plante évolue par son taux de cellulose (et lignine) qui augmente, rendant la plante moins digestible.

Le stade feuillu, début d'épiaison de la majorité des espèces végétales présentes dans la parcelle, engendrera la production d'un fourrage de haute qualité nutritive, idéal pour les chevaux à forts besoins nutritifs (jument en lactation, chevaux en travail intense). A ce stade, la plante est plus riche en eau et nécessite des retournements (fanages) plus nombreux ainsi qu'une durée importante avant d'atteindre 85% de MS. On se situe souvent plus tôt en saison (fin du printemps), période où beaucoup de régions sont encore soumises à une pluviométrie fréquente.

Si on attend un peu, le stade suivant est l'épiaison, correspondant à la sortie des épis. Il induira la production d'un fourrage plus fibreux et grossier, moins riche en éléments nutritifs. Sa teneur en eau plus faible génère un temps de séchage plus court.

Ensuite, au stade floraison, la proportion de feuilles par rapport aux tiges diminue encore. La valeur du fourrage est encore abaissée. Le pollen présent dans le fourrage à ce stade augmentera la teneur en poussière du foin. Au-delà de ce stade, les feuilles ont pratiquement disparu et la valeur du fourrage chute fortement.

Plus on avance dans la saison, plus les conditions météorologiques (températures, pluviométrie, durée du jour…) sont favorables à la récolte du foin. Mais plus le stade végétatif des plantes évolue et plus les valeurs alimentaires du foin baissent. Ces fourrages devront être destinés davantage aux chevaux à faibles besoins (chevaux à l'entretien, au repos, en travail léger).

Les pratiques sur les parcelles avant la fauche.

La réalisation d'un déprimage (pâturage rapide dans les parcelles de fauche en début de printemps) ou d'un premier pâturage permet d'éliminer les épis des plantes les plus précoces et retarde l'arrivée au stade épiaison. Cette pratique améliorera la qualité des fourrages récoltés sur ces parcelles.

La fertilisation azotée a plusieurs effets. Elle améliore la valeur azotée du fourrage récolté en favorisant la croissance des plantes plus productives et en enrichissant leur teneur en azote. En revanche, elle peut nuire au développement des légumineuses, elles-mêmes très riches en protéines. Elle a tendance à augmenter la précocité de la parcelle. Le stade épiaison sera atteint plus tôt dans la saison, la valeur du fourrage chutera plus vite. Elle augmentera le rendement donc la quantité de fourrage à sécher. Les opérations de fanage peuvent être allongées. Le créneau de beau temps nécessaire devra donc être plus long.

Le hersage permet d'aplanir le sol et de diminuer les risques de pollution du fourrage par de la terre au cours de la fauche ou des fanages. La terre contribue aux poussières présentes dans le fourrage.

Le choix variétal.

La composition floristique de la prairie joue sur la valeur énergétique et azotée du foin. Par exemple, la valeur azotée varie en fonction du taux de légumineuses. Le dactyle, la fétuque élevée et la fléole sont des variétés qui sèchent bien lorsqu'elles sont fauchées.

Il faut connaître son parcellaire et repérer les parcelles qui sont les plus précoces pour soit les faucher en premier lieu, soit les faire déprimer pour retarder l'épiaison.


Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos