Combien de repas faut-il distribuer quotidiennement aux chevaux ? Deux, trois, quatre ? Ou davantage ? Pour répondre précisément à cette question, il convient de se pencher sur les spécificités du tube digestif du cheval.

L’estomac des équidés est petit et il se vide en permanence. Le transit digestif est donc rapide jusqu’au gros intestin. La digestion se déroule en deux parties : d’abord enzymatique, dans l’intestin grêle, puis fermentaire, dans le gros intestin. La digestion enzymatique se déroule sous l’action des enzymes sécrétées par le pancréas et de la bile fabriquée par le foie. Elle permet de digérer l’amidon, les graisses et les protéines, et donc globalement de valoriser les aliments concentrés. Les nutriments (glucoses, acides gras, acides aminés) issus de cette digestion sont absorbés au niveau de l’intestin grêle.

Risques digestifs

La digestion fermentaire se fait grâce à l’action de micro-organismes (bactéries, protozoaires, champignons). Elle permet de digérer les parois végétales, et donc de valoriser les fourrages. Si des composants alimentaires comme l’amidon ou les protéines arrivent en grande quantité dans le gros intestin (alors qu’ils auraient dû être digérés dans l’intestin grêle), les micro-organismes vont les transformer en acide lactique et en ammoniac, ce qui va profondément modifier les caractéristiques du contenu du gros intestin. En particulier le pH (l’acidité ambiante) va évoluer et des micro-organisme pathogènes vont pouvoir se développer de manière anormale, tandis que d’autres vont libérer des toxines … Ces dérèglements peuvent avoir des conséquences très néfastes pour la santé de votre cheval : troubles digestifs, crottins de mauvaise qualité, fourbure, boiterie, colique, voire choc ou décès … On comprend donc que si les repas de concentrés sont trop volumineux, ou que si les concentrés sont distribués et consommés juste avant le fourrage, ils n’auront pas le temps d’être digérés dans l’intestin grêle, et se retrouveront alors dans le gros intestin … avec les risques que cela implique. Le nombre optimal de repas dépend donc de la composition du repas, et du moment de sa distribution.

Quels seuils ?

Le volume de l’estomac d’un cheval est d’environ 15 litres, mais sa capacité utile ne retient en réalité que 10 litres. En outre, lorsqu’un cheval mange, il mastique ses aliments, qui prennent alors plus de place que dans le récipient de sa distribution, et produit de la salive, qui vient s’ajouter au volume du bol alimentaire … On considère donc que le volume distribué lors d’un repas ne devrait pas dépasser 6 litres. Ainsi, si votre cheval consomme 8 litres de concentrés par jour, il est possible de lui distribuer deux repas de 4 litres sans risque. En revanche, un cheval qui doit consommer un total de 15 litres de concentrés par jour devrait se voir distribuer ces aliments en trois repas ( Doseur à aliment).

Composition du repas

Le volume n’est toutefois pas l’unique élément à prendre en compte pour permettre une bonne digestion. En effet, la composition des concentrés fait qu’ils doivent majoritairement être soumis à la digestion enzymatique. Leur premier constituant est l’amidon, qui représente environ 60 % du poids des grains (orge et avoine nues, maïs) et souvent plus de 50 % de la matière sèche des aliments composés. On admet classiquement qu’un cheval ne devrait pas consommer plus de 400 grammes d’amidon par repas par 100 kg de poids corporel, ce qui représente donc un maximum de 2 kg d’amidon par repas pour un cheval de 500 kg.

Si l’on ne veut pas prendre de risque, cette donnée ramène ainsi à 5 litres le volume maximum de concentrés (aliment composés et céréales confondus) distribué à chaque repas.

Et le fourrage …

L’utilisation digestive des concentrés ne sera satisfaisante que si la distribution de fourrage ne suit pas immédiatement celle du repas de concentrés. Ainsi, vous ne rencontrerez pas de problème si votre cheval dispose de fourrage en permanence, qu’il s’agisse de foin ou de pâturage. En revanche, si le fourrage (Mélange fibreux) est distribué lors des repas, comme les concentrés, il est indispensable de ne pas distribuer le fourrage juste après les concentrés. En effet, car son ingestion va alors « propulser » le contenu de l’estomac vers l’intestin grêle, accélérer le transit et diminuer le temps de digestion enzymatique. Ce qui risque fort de favoriser les fermentations malvenues dans le gros intestin !

Pour optimiser la digestion et le confort digestif de votre cheval, le nombre de repas doit donc être considéré en fonction du mode d’alimentation général, incluant les fourrages, la composition du repas et son volume …

Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos