peripartum chez les poulinières

Nous sommes en pleine saison des poulinages !

Si cet évènement est dominant dans la vie d’une poulinière, la gestion du péripartum revient à l’éleveur et cette période est bien souvent garante d’une nouvelle saison de reproduction réussie.

Le péripartum est la période qui entoure le poulinage et, cette semaine, je vous donne les éléments déterminants qu’il est nécessaire de prendre en compte pour une saison de reproduction optimisée !


Avant le poulinage

La durée de la gestation chez la jument est longue et naturellement variable de 320 à 365 jours, avec une moyenne de 346 jours en février-mars et de 337 jours en juin-juillet.

Au 9ème et 10ème mois de gestation, la jument doit être observée au moins une fois par jour, car chacune d’entres elles a son comportement propre.

  • La confirmation de la gestation à ce stade de la grossesse est un examen de base à pratiquer par voie transrectale, par palpation et/ou examen échographique. Le dosage d’œstradiol est la forme biologique du diagnostic de gestation à partir du 7ème mois.
  • Il faut surveiller les montées de lait avec développement mammaire et/ou d’éventuels écoulements vulvaires de la jument gestante. Bien avant la date du terme, de 1 à 3 mois, ces montées de lait peuvent annoncer une placentite, signe de décollement placentaire risquant d’entraîner un avortement ou un poulain prématuré. La connaissance d’éventuels avortements antérieurs est un élément de base et conforte la mise sous progestérone en protection de la gestation en cours.
  • Suivi de la gestation : La jument est-elle primipare (en attente de son premier poulain) ? La prévision de la date de son premier poulinage est difficile, car les signes annonciateurs du poulinage sont plus discrets et imposent un suivi maximal.

L’éventualité de poulinage debout, donc sans déclenchement de la ceinture de surveillance, est faible mais significative pour l’avenir de la poulinière, car une jument primipare qui est restée debout lors de son poulinage a une tendance supérieure à la moyenne de renouveler ultérieurement cette position à risques.

Si le poulinage précédent a été difficile, notamment dû à un poulain trop gros, le renouvellement d’un tel problème est fréquent. En conséquence, pour la même poulinière, il convient :

- D’adapter son croisement à la production d’un produit plus léger.
- D’anticiper le risque par la mise en pension pour le poulinage dans une structure vétérinaire appropriée ou dans un haras à proximité de la clinique.

  • Le dossier sanitaire de la poulinière doit être suivi, avec mise à jour primordiale des vaccinations et administration de vermifuge, 3 à 4 semaines avant la date présumée du poulinage
  • L’examen de la zone vulvaire, en particulier chez les juments primipare et chez toutes les poulinières ayant subi l’opération de suture vulvaire ou vulvoplastie, est conseillée.

La poulinière et son environnement


L’alimentation doit être appropriée à partir du 8ème mois car elle a un rôle majeur sur le développement du poulain et de la lactation.

L’accoutumance au site du poulinage est conseillée trois semaines (à minima) avant la date théorique. Tout « stress », tel que le changement de haras, un déplacement important, une affection concomitante, peut non seulement stopper la préparation de la jument mais aussi entraîner la régression.

La mise au box est souhaitable 3 semaines avant la date présumée du poulinage. La règle générale est de s’adapter à chaque poulinière, sachant que la mise-bas, chez la jument, se produit dans 80% des cas la nuit. Les conditions optimales sont de disposer d’un grand box (5 x 5m) dans un endroit calme du haras, sans être isolé, propre, au sol non glissant et à la litière abondante, idéalement de paille, avec une source d’eau en grande quantité : car la consommation d’une jument qui allaite est doublée. Il faut veiller à la sécurité du poulain (éviter les crochets, rebords pointus, etc.), et si possible disposer d’un éclairage de faible intensité pour une surveillance discrète.

La caméra de surveillance, souvent utiliser en complément des autres outils de surveillance permet :
- D’éviter de se déplacer pour fausse alerte (jument qui se couche pour dormir) ou, au contraire, d’intervenir pour une jument qui pouline debout, donc sans déclencher la ceinture de surveillance.
- De surveiller sans interférer au cours des premières heures de vie du poulain.

Les deux dernières semaines de gestation.

Les moyens de surveillance du poulinage sont les suivants :

Le surfaix, placé derrière le garrot de la jument est équipé d’un émetteur, prend en compte la position de la jument lors des contractions (couchée ou en position sternale), ainsi que leur durée et leur fréquence.

Le système est basé sur la façon dont la jument se couche lors des poulinages. L’alarme se déclence lorsque les signes avant-coureurs de la mise bas sont reconnus. Le récepteur à une portée de 500 à 800 mètres environ. Une communication sur téléphone mobile est possible.

Cette ceinture possède trois positions de réglage, l’une pour les juments ne se couchant que pour mettre bas, la deuxième pour les juments se reposant couchées, la troisième pour les chevaux souffrant de coliques.

  • Surveillance par émetteur suturé à la vulve

Trois semaines avant la date du terme, un électroaimant émetteur peut être placé par un vétérinaire, en retrait du bord gauche de la vulve de la jument. L’aimant intégré est relié à un fil nylon suturé sur l’autre lèvre.

L’écartement des lèvres de la vulve lors du poulinage provoque le détachement de l’aimant induisant le déclenchement de l’émetteur. A la chute de l’aimant, le récepteur est activé. Un signal sonore est émis et/ou le système déclenche l’envoi de messages téléphoniques.

  • Les signes précurseurs du poulinage

Le développement et les caractéristiques des sécrétions mammaires sont le meilleur critère de prédiction du poulinage, mais ne donne pas de jour exact.

Un écoulement trop important de lait 24 à 48 heures avant la mise bas peut faire craindre une perte du colostrum, premier lait riche en anticorps et base des défenses immunitaires du poulain jusqu’à l’âge de 3 mois.

Il impose le contrôle de la qualité du colostrum par un réfractomètre à colostrum avant la première tétée.

Si la mamelle cire : 60% des juments ne vont pas pouliner avant 4 jours / 20% vont pouliner dans 1 à 3 jours / 20% vont pouliner durant la nuit.

S’il y a perte de lait : 15% des juments ne vont pas pouliner avant 4 jours / 40% vont pouliner dans 1 à 3 jours / 45% vont pouliner durant la nuit.

L’examen de la position du fœtus in-utero, l’examen du col utérin et le relâchement des ligaments sacro-ischiaux ne donnent pas de précisions sur le moment du poulinage.

En conclusion, les signes de l’imminence d’un poulinage sont donc très variables d’une jument à une autre et une surveillance attentive reste indispensable.

Le poulinage

Le mécanisme de maturation finale du fœtus ne s’effectue qu’au cours des 2 derniers jours avant la mise bas. Tout évènement ou perturbation pouvant interférer lors de cette période critique de fin de gestation peut conduire à la mise bas d’un poulain prématuré.

Les phases d’un poulinage normal

  • 1ère phase : prise de position du poulain.

La sudation marquée de la poulinière est le premier signe annonciateur du poulinage, phase marquée par l’engagement du fœtus avec rotation dans le canal cervical, dont il participe à la dilatation. A la fin de cette phase, la rotation du poulain est complète et un examen de sa position est possible.

  • 2ème phase : contractions et expulsion du poulain.

La jument est en décubitus latéral, les membres étendus.

Les contractions violentes et rythmiques de la poulinière provoquent l’apparition de l’amnios, enveloppe blanche du poulain in utero au travers de laquelle apparaît rapidement un membre antérieur, puis le deuxième quelques secondes plus tard, avant expulsion complète du poulain en 10 min / un quart d’heure, qui provoque la rupture de l’amnios.

  • 3ème phase : expulsion du placenta.

Le temps de survie d’un poulain, en cas de poulinage difficile, est de 30 à 40 minutes.

- Détachement prématuré du placenta (« Red Bag »).
- Angustie pelvienne ou excès de volume du fœtus.
- Torsion utérine.
- Poulinage dystocique.

Un poulinage difficile résulte le plus souvent d’une anomalie de position du poulain. Il est important de ne pas tirer sans savoir ce qui se passe. L’unique et seul objectif est de sauver la jument, par césarienne ou embryotomie.

La jument délivrée et le poulain, au cordon ombilical bien rompu, se rapprochent. C’est le moment où se nouent les liens entre la jument et son poulain.

Le lever du poulain (15 min à 2 heures), sa première tétée (avant 3 heures) sont les premières étapes à surveiller.

La sortie du méconium (première selle) se fait entre 30 min à 6 heures après la première tétée. La première miction (urine) se fait entre 3 et 12 heures suivant la naissance.

Le poulain a alors réussi son entrée en scène !

Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos