Peut-on faire pâturer les chevaux l’hiver

Devoir rentrer les chevaux pendant l’hiver n’est pas chose aisée pour tout le monde, tant sur le point du bien-être du cheval que sur le plan de l’alimentation. Une solution pour procurer du fourrage de qualité et favoriser le bien-être du cheval serait le pâturage d’hiver. Seulement celui-ci pose question, quel sera l’impact sur la dégradation du couvert, la couverture du sol ? Quel sera l’impact sur la production de la prairie ? Cet article fait le point sur ce sujet !

Comment s’adapte le cheval ?

Le cheval au pâturage voue 50-70% de son temps à manger et seulement 20-30% à se reposer. Toutefois, cela peut varier entre les jours et les saisons. Durant l’automne, le temps passé à pâturer augmente, en effet, le cheval passe plus de temps à se reposer en été qu’en hiver notamment lors de fortes températures. L’augmentation de la consommation en hiver peut-être liée au couvert végétal, plus pauvre en sucres solubles et parfois plus riche en fibres. Dans des climats très froids, l’alimentation permet de produire de la chaleur. Les chevaux vont aussi passer moins de temps couché sauf s’ils trouvent un endroit sec.

Quel impact sur la prairie ?

Une dégradation limitée des surfaces : La dégradation du sol dépend de plusieurs paramètres. Pour les chevaux, il faut prendre en compte la capacité de portance du sol. Le sol tient mieux lorsque la texture est de nature sablonneuse, sablo-limoneuse ou sablo-argileuse. La dégradation du couvert dépend aussi du type de conduite et des modalités d’affouragements. Par exemple, le pâturage continu combiné à un déplacement régulier du râtelier provoque une plus forte dégradation qu’un pâturage tournant à faible chargement.

Une bonne capacité de récupération des prairies : même si les dégradations sont importantes, la prairie retrouve quasiment l’intégralité de son couvert dans les mois qui suivent le pâturage. Une prairie pâturée en hiver a une hauteur d’herbe quasiment équivalente au printemps qu’une prairie non pâturée. En outre, une prairie mal pâturée à l’automne peut être améliorée par un pâturage hivernal.

Pas d’effet sur la production de la prairie : Suite à un pâturage d'hiver, on ne constate pas d’effet sur la proportion de graminées/légumineuses diverses. Cela n'a donc pas d’incidence sur la matière azotée de la prairie au printemps. Il est possible de pâturer l’hiver sans dégrader la flore et la densité du couvert mais il faut adapter le pâturage et bien observer le sol.

Mon conseil :

  • Ne pas dépasser 5 à 6 chevaux par hectare pour les 4 mois d’hiver.
  • Avoir un paddock de sable ou une zone stabilisée pour regrouper les chevaux en cas de mauvais temps. Il faut laisser le pré absorber l’eau pendant quelques jours avant de remettre les chevaux.
  • Respecter le type de sol : éviter le pâturage sur prairie humide.
  • Choisir des espèces et variétés adaptées au sol. Des études sont menées pour sélectionner des variétés capables de se maintenir en quantité et en qualité pendant l’hiver.
  • Pâturer pendant l’automne pour ne pas laisser l’herbe prendre trop de hauteur, autant de matière sèche qui sera perdue pendant l’hiver.
  • Accepter un pâturage plus ras de l’herbe mais ne pas descendre en dessous de 4 cm.
  • Laisser reposer la pâture le dernier mois de l’hiver pour pouvoir faire le foin ou remettre à l’herbe en Mai.

Allonger le pâturage en fin d’automne, sortir les chevaux plus tôt au printemps, voire prolonger en plein hiver le pâturage permet de valoriser une herbe de qualité non négligeable et offre de nouvelles opportunités de conduite des chevaux.


Source :
O.Gudmundsson, O.R.Dyrmundsson, 1994. Horse grazing under cold and wet conditions: a review. Livestock Production Science, p57-63.
E.Pottier, 2014. Le pâturage en hiver vu par la prairie. Terra, institut de l’élevage, p28-29.
O.Tremblay, R. Dieulot, 2020. Le pâturage hivernal. Perpet, INRAE.

Suzie Bathellier
Chef de produit