C’est bien connu, les problèmes de bouche peuvent tout simplement provenir de douleurs dentaires. Mais restez vigilant, d’autres soucis de santé sont également à mettre à leur actif. D’où la nécessité de faire régulièrement vérifier la bouche de votre cheval, afin de prévenir les inconvénients provoqués par son mauvais état.

Les affections dentaires sont communes chez le cheval. Certaines lésions sont parfois mises en évidence tardivement, car sans examen précis de la cavité buccale, il n’est pas facile d’observer de signe clinique évident commun aux affections dentaires. Aussi, un a deux contrôles annuels de la bouche sont fortement conseillés. Le nivellement dentaire n’est pas pour autant nécessaire de manière annuelle, cela dépend de l’âge du cheval, de son mode de vie et de sa discipline.

Certains signes doivent attirer votre vigilance sur une affection dentaire : un cheval qui se « bat » avec la main du cavalier, l’encensement, par exemple. Attention à bien inspecter les blessures à la commissure des lèvres, elles peuvent être dues à un problème d’embouchure, mais elles peuvent aussi avoir une origine dentaire. L’amaigrissement peut être constaté dans les formes chroniques de lésions. Le cheval peut aussi avoir tendance à expulser une partie des aliments durant la mastication, présenter une mauvaise haleine (halitose), une salivation importante (ptyalisme). Mais certains troubles sont déjà avancés lorsque ces signes sont constatés. Alors, étant donné les conséquences parfois dramatiques de certaines lésions dentaires, mieux vaut anticiper et faire contrôler régulièrement la bouche de son cheval par son vétérinaire.



Anticiper les problèmes


Comme je vous l’ai indiqué précédemment, une modulation des examens dentaires est à faire selon le cheval.

Deux périodes sont très importantes : celle de deux à cinq ans car c’est la période du débourrage concomitante à la sortie des dents définitives. Les anomalies de développement étant assez fréquentes dans l’espèce équine, c’est à cette période qu’il faut les prévenir par un examen de l’occlusion de la bouche, de l’éruption des dents, et le retrait des lactéales persistantes responsables de gêne.

Lorsque le cheval est adulte, selon l’activité sportive, l’examen est annuel ou bisannuel et il ne sera pas nécessairement suivi de soins. Une étroite collaboration avec le soigneur, l’entraîneur, voire le cavalier ou le driver est importante à ce niveau là pour appréhender la situation.

Autre période essentielle pour le cheval : la vieillesse. Au-delà d’une vingtaine d’année, une attention particulière doit être apportée à l’occlusion de la bouche, à la longueur et à l’orientation des incisives.

Les troubles d’éruption dentaire sont communs

Les troubles dentaires communément rencontrés chez le cheval peuvent se classer en trois grandes catégories : des problèmes de développement dentaire, des anomalies de positionnement, et des problèmes d’usure.

La persistance des dents lactéales est un problème communément rencontré, de la naissance à la fin de la période des éruptions des dernières dents permanentes, nombre d’anomalies et d’affections peuvent survenir chez le jeune cheval. Première étape : différencier une dent de lait d’une dent définitive. Le vétérinaire décidera ensuite s’il faut ou non retirer la ou les dents de lait pour éviter des problèmes plus graves. Parmi les dents surnuméraires, les incisives sont les plus fréquentes. Les coins de lait ne sont pas à négliger, car le cheval peut venir s’emmêler dans une ficelle de botte de paille ou de foin. La dent-de-loup est un vestige de la première polaire supérieure.

Les problèmes d’usures anormales sont les plus fréquents

Les problèmes d’usures anormales sont les plus fréquents, ils sont résolus par le geste connu du nivellement dentaire à l’aide de fraises motorisées ou de râpes manuelles. Ils sont le fait de caractéristiques anatomiques et physiologiques des équidés. En effet, le cheval est un animal « hysodonte » : la couronne a une hauteur de 8 cm environ et sort de son alvéole progressivement, compensant ainsi l’usure. L’usure continue de 2 à 3 mm par an est compensée par la lente évulsion de la dent hors de son alvéole.

Le patron d’usure présente assez souvent des anomalies du fait de « l’anisognathisme » mandibulaire, c’est-à-dire que la taille de la mandibule est d’un tiers inférieur en largeur au maxillaire supérieur. De ce fait l’usure de la mastication crée des pointes ou surdents responsables de douleurs buccales, voire de fractures partielles de la dent. Du fait de la croissance continue, si l’occlusion dentaire est anormale, elle va s’auto aggraver au fil du temps et sera à l’origine de gros crochets, voire des dentitions en escalier ou ondulées.

En outre, la plupart des affections périodontales (inflammation des tissus autour de la dent) ont pour origine un défaut d’occlusion consécutif à des anomalies d’usure. L’inflammation de la gencive, qui passe inaperçue va s’infecter, descendre jusqu’à la racine et provoquer une infection dentaire.

Déceler les lésions au niveau des joues

Le déplacement ou la rotation de capes déciduales (encore appelées « coiffes ») au niveau des prémolaires peuvent être responsables d’un inconfort nécessitant leur ablation. Des incisives persistantes et des capes prémolaires peuvent engendrer une irritation locale ou perturber la congruence normale des arcades dentaires, entraînant des anomalies non négligeables du positionnement plus tard.

L’alimentation des chevaux influe également sur la dentition et peut prédisposer au développement de crêtes d’émail fines vers la joue. Dans la presque totalité de ces cas, ceci s’accompagne de lésions au niveau des tissus mous de la joue et de la langue.

D’autres affections peuvent également survenir : diastème, caries, fractures, etc. C’est pourquoi, la visite de votre vétérinaire ou du dentiste équin est essentielle pour le bien-être de votre cheval.

Et vous, faites-vous régulièrement ausculter la bouche de votre cheval ?

Anaël MARZIN
Responsable marché Equideos